24 janvier 2012

Les arbitres comtois décident de poser le sifflet !

Les mails ont afflué hier au siège montbéliardais. En conflit ouvert avec la Ligue de Franche-Comté depuis des propos tenus à l’AG du 4 novembre, les arbitres régionaux ont annoncé leur absence des terrains à la reprise fin février… et ce jusqu’à la fin de saison !

L’escalade se poursuit, et on ne saurait dire ce matin à quel sommet d’incompréhension elle va aboutir. Ni même si le football régional ne va pas carrément tomber de l’autre côté de la falaise. Toujours est-il qu’hier, tout au long de la journée, le mail de la Ligue de Franche-Comté a connu une activité inhabituelle. Dans la colonne « messages reçus », des dizaines de lignes correspondaient en effet aux messages des arbitres de niveau régional. Avec, en substance, un seul credo : les hommes en noir annoncent un mois avant, soit dans le délai à respecter, leur indisponibilité à compter du 24 février. La veille de la reprise du championnat de Division d’Honneur. Et une semaine avant le retour de la LR2 et de la LR3.
Sébastien Moreira, arbitre de Ligue 1, est aussi celui qui mène actuellement la fronde des hommes en noir















« On n’utilise pas le mot de grève, précise d’emblée Sébastien Moreira, arbitre de Ligue 1 mais également président de l’Afaf Franche-Comté (Amicale Française des Arbitres de Football). Les arbitres se rendent indisponibles jusqu’à la fin de la saison, mais ils restent auprès de leurs clubs pour organiser des actions auprès des jeunes par exemple. Pour montrer que même si on les traite d’escrocs, ils ne sont pas à quelques euros près ». Cette vague de protestation, qui fait déjà d’importantes vagues, est la conséquence directe des propos tenus par Daniel Bourlier en fin d’année dernière (*). Une pique qui, sur le fond, semble tout à fait légitime. Mais c’est la forme employée qui a déclenché la colère noire des arbitres francs-comtois. « Moi, j’ai toujours dit que le fond peut être discuté, même si ce qu’il dénonce représente 3 % des déplacements, poursuit Moreira. Mais les arbitres ont été agressés verbalement et publiquement lors de l’AG lors d’un discours populiste, et le président de la Ligue surenchérit constamment. C’est scandaleux ».
Jeudi dernier, donc, à l’issue d’une nouvelle réunion, les hommes en noir ont opté pour cette fameuse « mise en indisponibilité ». Et ont pris le contre-pied des reproches formulés en demandant, dorénavant, à être dédommagés aux frais réels, et non suivant le barème suivi actuellement.
« Nos arbitres se sont aperçus qu’ils étaient les moins bien payés de France, reprend le président de l’Afaf franc-comtoise. Alors s’ils veulent revoir le système, eh bien qu’on adopte ces frais réels. On prend le barème fiscal pour les kilomètres, et on rembourse à côté les péages, les frais de repas, etc... On est parti d’un discours populiste qui concernait un nombre infime de cas, et on va arriver à une situation où les arbitres demandent beaucoup plus ». Avec pour principales victimes les clubs, bien entendu, car ce sont bien eux qui dédommagent les « sifflets » venant diriger les matches le week-end. « L’argent n’est pas le nerf de la guerre, enchaîne Loïs Gaume, l’un des trois porte-parole du mouvement de contestation avec Claude Ravier et Christophe Torres. Mais au lieu d’apaiser les choses, le président de la Ligue les envenime. Le but est d’éviter tout ça, mais c’est le seul moyen pour qu’on se retrouve autour d’une table. S’il croit que le temps va arranger les choses, c’est ahurissant ! Moi, quand j’ai un problème avec quelqu’un, je me mets autour d’une table et j’en discute ». C’est précisément ce qui est prévu le samedi 4 février (voir encadré). « Mais ils n’ont pas invité nos représentants, reprend Moreira, faisant référence notamment à MM. Gaume et Torres. La condition pour que ça s’arrange, c’est que l’on soit reçu à cette table ronde, et que Daniel Bourlier s’excuse publiquement de ses injures ». D’après nos informations, il ne faut guère espérer que l’une ou l’autre de ces doléances soit écoutée. De quoi plonger le foot régional pour quelques semaines encore dans un nouveau psychodrame « Ligue-arbitres ». Le deuxième en moins de dix ans…
(*) Lors de l’AG du 4 novembre 2011 à Besançon, Daniel Bourlier, président de la commission des finances de la Ligue, avait qualifié « d’escroquerie » le fait que certains arbitres ou observateurs d’arbitres effectuent du covoiturage, tout en se faisant chacun dédommager de manière individuelle. Des propos qui avait choqué les hommes en noir. La conférence de presse organisée le 22 décembre 2011 par Roland Coquard, le président de la Ligue, ainsi que Daniel Bourlier n’a ensuite pas eu l’effet d’apaisement escompté.

Le Pays

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