6 mai 2009

Dossier FRANCE FOOTBALL : l'arbitrage en question

Depuis quelques années, l'image des hommes en noir s'est détériorée dans l'Hexagone. France Football du mardi 05 mai lance le débat : quelles sont les solutions pour améliorer l'arbitrage français ?
Michel Vautrot et Joël Quiniou, deux anciennes gloires de l'arbitrage français, livrent, dans France Football, leur pensée sur la situation actuelle d'une corporation transformée par le professionnalisme. Selon eux, il y a beaucoup de choses à revoir... Son fonctionnement, ses problèmes, ses turpitudes... Les deux anciens hommes en noir jugent sans tabou l'arbitrage français. La vidéo, le rôle des assistants... Ils tentent également d'apporter des solutions pour faire évoluer le corps arbitral hexagonal.

par RÉMY LACOMBE, JEAN-MARIE LANOË ET FRANÇOIS VERDENET

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Un nouvel arbitre franc-comtois venu de Paris ...

Découvrez l'interview de Joachim Caffé-Pierson, jeune arbitre fédéral de 22 ans, passionné de football, arrivé de la ligue de Paris Ile de France et qui fréquente désormais les terrains francs-comtois de DHR.

Quel est ton parcours dans l’arbitrage ?

Cela fait maintenant 8 ans que je suis arbitre. Je jouais en 15 ans dans un club de la région Ile-de-France et un soir je suis allé par curiosité avec mon coach de l'époque à une formation d'arbitrage à Sannois, dispensée par Philippe Pétain. J'y ai pris goût, et peu après j'ai tenté l'examen, avec réussite. Dans la continuité, je suis devenu arbitre Ligue Jeunes, puis j’ai eu le loisir de grimper en Ligue Séniors, avant de tenter et de réussir le concours de Jeune Arbitre de la Fédération, à 19 ans. Je suis à présent arbitre de la Ligue Franche-Comté, et JAF jusqu’à fin juin.

Pour quelles raisons te retrouves-tu en Franche-Comté ?

Mon parcours professionnel m’a amené en Suisse, pays dans lequel je réside depuis novembre dernier. J’ai donc dû changer de ligue et mon dossier a été transféré en Franche-Comté. Je suis fier désormais d’arbitrer dans cette région que j’apprécie et que j’ai la chance de connaître déjà un peu, ayant moi-même de la famille dans le Jura.

Un mot sur notre région, l’accueil et tes premiers matches ici :

La région est très agréable : l’air frais, les montagnes à perte de vue…J’ai vraiment le sentiment qu’il y fait bon vivre. Seul petit bémol : la météo parfois capricieuse en hiver, ce qui nous a notamment contraint cette saison à rester plusieurs week-ends à la maison.
Autrement, j’ai eu le plaisir de recevoir un accueil chaleureux dans l’ensemble des clubs où je suis allé arbitrer, et il en a été de même de la part de la CRA, présidée par Stéphane Moulin, qui m’a reçu avec beaucoup de sympathie à Besançon.
Pour ce qui est de mes premiers matches en Franche-Comté, ils se sont bien déroulés, et autant dire qu’il le valait mieux car j’ai été observé sur toutes les rencontres!

L’arbitrage en Ile de France est-il différent ?

Sportivement parlant, je crois que le football tend à devenir de plus en plus homogène quelles que soient les régions, et il en va de même de l’arbitrage. Cela dit, il existe à mon sens une différence majeure entre le football franc-comtois et le football parisien : en Ile-de-France, l’impact physique imprimé par les équipes est plus marqué qu’ici. J’ai donc dû adapter mon arbitrage en conséquence.
D’un point de vue corporatiste cette fois, je crois que l’arbitrage en Ile-de-France est vraiment différent de l’arbitrage en Franche-Comté. Les effectifs de ces deux ligues ne sont en effet pas comparables et, bien que soit cultivé à Paris cette notion de grande famille de l’arbitrage, il est beaucoup plus facile et rapide en Franche-Comté de connaître l’ensemble de ses confrères. De la même manière, étant donné le nombre réduit de clubs dans la région franc-comtoise, les arbitres et les équipes se connaissent bien, un phénomène logiquement moins observable en Ile-de-France, où l’anonymat prévaut. Pour résumer, je dirais que l’arbitrage ici a une dimension beaucoup plus familiale et humaine.

Ton meilleur souvenir d’arbitre :

Sans aucun doute l'instant où j'ai appris que j'avais obtenu le concours de Jeune Arbitre de la Fédération. J'avais travaillé énormément et sacrifié beaucoup de choses pour décrocher l'écusson bleu-blanc-rouge. Ce fut donc un énorme plaisir d'apprendre les résultats, d'autant plus que je pensais déjà aux matches de Championnat National de Jeunes que j'allais arbitrer, des matches qui respirent le football...Mon objectif maintenant est de devenir Arbitre Fédéral Séniors, mais la route est encore longue.

Erion Dobi : un arbitre albanais sur les terrains francs-comtois

Article de Damien Roset, Est Républicain du 04/05/09

« Les lois du jeu sont universelles »

Au sifflet dimanche 03 mai à Morbier (DHR), un arbitre albanais habitué aux joutes de Superligua dans son pays. Rencontre avec Erion Dobi, 29 ans, médecin venu suivre une spécialisation au CHU de Besançon.

BESANÇON. _ Non plus en noir, mais dans un blazer bleu marine impeccablement porté, Charly Monnier fait sa rentrée sur la pelouse du stade Léo-Lagrange (le 26/03). Dans quelques instants le BRC va rencontrer Noisy-le-Sec. L'ancien arbitre de touche franc-comtois de Ligue 1, comme on les appelait à l'époque, n'a pas repris du service, mais mandaté par la DTA, il est là pour « noter » l'arbitre du match, M. Kilicoglu. Observateur donc.

A ses côtés pour suivre les différentes étapes d'avant-match, Erion Dobi n'en manque pas une miette des consignes distillées au jeune trio arbitral. Curieux, dans un français réfléchi au fort accent, il n'hésite pas à questionner Charly. Albanais de 29 ans, l'homme est « invité » par l'amicale des arbitres de football. En immersion depuis son arrivée en France en novembre dernier. Il s'explique : « Tout est parti d'une discussion avec Michel Vautrot que j'ai rencontré en Grèce à l'occasion d'un séminaire UEFA. Lorsque je lui ai dit que j'allais venir en France suivre une spécialisation au CHU de Besançon, il m'a immédiatement pris sous son aile et dit : c'est chez moi, la Franche-Comté... »
Passionné de foot comme de nombreux Albanais, Erion Dobi « plutôt moyen sur un terrain » et très pris par ses études de médecine a choisi l'arbitrage à 15 ans : « Cela me demandait moins de temps... » Mais très vite, le garçon dévore les échelons jusqu'à l'élite, la Superligua albanaise: « Les stades entre 10 et 25.000 places comme à Tirana sont chauds, c'est quelque chose... »
Après en avoir dirigé la finale, il a même manqué d'un rien les deux places octroyées fin janvier à l'Albanie par la Fifa. Places qualificatives pour les rencontres internationales : « Je suis troisième, c'est encourageant. »

Médecin prometteur, Erion a opté pour un échange avec le ministère français de la Santé : « C'est pour moi la meilleure médecine au monde... Je suis une spécialisation pour un an, renouvelable un an, au service d'Oncologie de l'hôpital Jean- Minjoz. »
Chouchouté depuis son arrivée par le réseau arbitral local, Erion Dobi avait hâte de retrouver la compétition. Et même si son dossier « n'a pas été retenu par la DTN » pour le fédéral, ce que Stéphane Moulin avait un peu de mal à comprendre, le médecin albanais a pu découvrir le football régional hier du côté du Jura. Où il était accompagné par le président des arbitres : « Il passera à la DH d'ici la fin de saison. Mais compte tenu du suspense qui y règne tant pour l'accession que la relégation, la commission arbitrale a préféré ne pas l'envoyer d'entrée au casse-pipe... »
Une présence étrangère rendue possible par le règlement : « Les lois du jeu sont universelles comme la médecine » s'amuse à souligner l'intéressé. A quelques exceptions près comme hier, au niveau des remplacements : « Je lui ai juste précisé avant la rencontre qu'un joueur au niveau régional, sorti une fois, peut entrer à nouveau... »
Si cette situation sort de l'ordinaire de la ligue, elle este relativement répandue. Comme le précisait Stéphane Moulin : « Actuellement nous avons des arbitres francs-comtois à l'étranger comme Alain
Chautard, assistant en CFA qui officie aux Etats-Unis où il a migré pour son travail. D'autres, étudiants, arbitrent actuellement en Ecosse, en Angleterre... »
Alors bienvenue monsieur le « Gjyqtarë » (arbitre en Albanais). Et bonne chance.