19 septembre 2007

Encore un arbitre agressé

Il dirigeait la rencontre opposant Grand-Charmont à Bethoncourt quand il a reçu un coup derrière la tête venant d'un joueur local.

« J'adore arbitrer, mais je ne suis pas là pour risquer ma vie. Et franchement, là, c'est ce que j'ai ressenti ». Damien Bard, militaire de carrière à Bourogne (90), officiait dimanche après-midi sur la pelouse du stade Robert-Musner, à Grand-Charmont. Il dirigeait la rencontre de deuxième division de district opposant Grand-Charmont à son voisin de Bethoncourt. Un derby placé sous haute tension. « Avant le coup d'envoi, un joueur de Grand-Charmont m'a dit qu'il y avait de la pression entre les gars », rapporte l'homme en noir.

Les premières minutes sont chaudes et la rivalité exacerbée et connue entre les quartiers de ces deux communes se traduit virilement sur le terrain. Les moindres décisions d'arbitrage sont sujettes à contestation. Damien Bard applique le règlement à la lettre -d'autant plus qu'il était supervisé pour obtenir le droit d'arbitrer à l'échelon supérieur- et distribue un, deux, trois puis quatre cartons jaunes.

Avec un manche de pioche

« Le problème est survenu du banc de touche de Grand-Charmont. D'un homme qui jouait le rôle d'entraîneur. Après coup, j'ai appris qu'il n'était pas entraîneur. J'ai fini par l'expulser. Il est sorti et est revenu. Il a alors essayé de me donner un coup-de-poing mais un joueur, son frère, l'a retenu. Face à cette situation, le délégué m'a demandé d'arrêter la rencontre ». Au tableau d'affichage, les visiteurs bethoncourtois menaient alors par 2 buts à 0 et les équipes jouaient la 41e minute de la première période.

La suite n'est qu'un déchaînement de violence. Un attroupement se forme, Damien Bard reçoit un coup derrière la tête. Il désigne son agresseur comme étant le frère du supposé entraîneur, qui s'était interposé quelques instants plus tôt.Il raconte la suite des événements : « J'ai regagné les vestiaires sous la protection du président de Grand-Charmont et du délégué. Une fois dans les vestiaires, on a appelé les gendarmes. Pendant ce temps, des vitres ont été cassées et l'entraîneur est revenu à la charge avec un manche de pioche à la main. Il n'a pas eu le temps de s'en servir car les gendarmes sont arrivés. »

Damien Bard se plaignait, hier, de bourdonnements dans une oreille. « J'arbitre depuis six ans, mais c'est la première fois que je suis confronté à de tels événements ». Ce Dijonnais de naissance, âgé de 27 ans, est allé déposer plainte à la gendarmerie de Bethoncourt, désignant nommément ses deux agresseurs présumés. Il envisage de demander des dédommagements. « Je vais aussi aller voir le District. Pourquoi ne nomme-t-on pas trois officiels pour un match qui s'annonce aussi tendu ? C'est incompréhensible ! Même les gendarmes m'ont dit qu'ils avaient été prévenus. Que ça risquait d'être un match chaud. Je n'ai même pas pu récupérer la feuille de match ». Les responsables du club de Grand-Charmont étaient, hier, injoignables.

« Des mesures draconiennes »


Stéphane Moulin, arbitre de Ligue 1 et président de la commission arbitrale de Franche-Comté, se disait « démuni », hier, en apprenant cette nouvelle agression. « La semaine dernière, un type est condamné à six mois ferme pour avoir agressé un arbitre et là on constate que ce n'est même pas dissuasif. Que peut-on faire ? Ce soir, nous avons une réunion à Besançon avec l'amicale des éducateurs. Jeudi, une autre réunion est prévue avec le président de la Ligue de Franche-Comté. Il est évident qu'il va falloir prendre des mesures draconiennes qui doivent aller jusqu'à l'exclusion de certaines équipes... »

Neuf arbitres ont été agressés la saison dernière en Franche-Comté et depuis le début de la nouvelle, deux hommes en noir ont été touchés physiquement. « Ce qui se passe sur le terrain résulte très souvent de ce qui se dégage depuis le banc de touche. Quand l'encadrement disjoncte, on en arrive à de telles extrémités ».

Autre conséquence, les candidats à l'arbitrage se raréfient : « En juin dernier, nous avions 700 arbitres. Pour l'heure, il n'y en a que 550 qui ont renouvelé leur licence », constate Stéphane Moulin.

La violence est la force des faibles

Suite au nouvel acte de violence intervenu le week-end dernier sur un terrain franc-comtois, le président Coquard a tenu à réagir par le biais d'un communiqué.

"Je m'adresse à tous ceux, sans distinction de fonction, d'idéologie politique ou religieuse, qui, par leur comportement violent, mettraient en danger l'intégrité physique de nos arbitres, pour les avertir qu'aucune concession ne leur sera faite, qu'ils ne pourront compter sur aucune indulgence de nos instances disciplinaires et qu'ils risquent, de même que l'équipe dans laquelle ils évoluent, la radiation définitive pure et simple. Notre sport est gravement menacé par ces agissements intolérables et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour le protéger."

Roland Coquard, Président de la Ligue de Franche-Comté