1 décembre 2010

Akim Abdelhaoui : Siffler, c’est aussi jouer!

Réel espoir de l’arbitrage franc-comtois, avec une ascension exceptionnelle ces dernières années, Akim Abdelhaoui parle avec une réelle passion de son rôle sur le terrain, mais de ce qu’il implique, aujourd’hui, aux hommes en noir, plus souvent tancés que loués.

Akim Abdelhaoui n’a pas besoin de brandir le carton pour affirmer sa personnalité. Cet homme de 32 ans est ouvert, sincère et convaincu. Dommage qu’il soit arbitre… On plaisante, car ce réel espoir de l’arbitrage, sans être un donneur de leçons, possède toutes les armes pour rapprocher les acteurs du ballon rond qui, si souvent, se fuient, se repoussent ou s’invectivent.

La 1re division de District, la division la plus formatrice

Prof de commerce au lycée technique et professionnel de Wittelsheim, Akim parle avec une grande passion et beaucoup de justesse de ce corps dans lequel il est entré en 1997 pour « oublier ses blessures de footballeurs et continuer à servir le jeu ». Si Akim a pris le sifflet c’est sans retenue « pour vivre une expérience d’une saison, de dix ou de vingt ans » avoue-t-il. « Mais j’ai fon cé ». Foncé sur les terrains de jeunes. «À cette époque, les parents étaient plus respectueux n’invectivaient pas encore comme c’est le cas aujourd’hui».
Sur les terrains du District, aussi, Akim a découvert ce que l’on nomMe la solitude de l’homme en noir. « Ce district et sa 1re division, très difficile à arbitrer, mais la plus formatrice » explique Akim. « C’est là qu’on voit la vraie personnalité de l’arbitre. Dans des matches où il y a beaucoup de passion, des juges de lignes bénévoles, peu de délégués, on n’est pas protégé. Je me souviens, une fois, à la sortie du vestiaire, lors d’un derby de clocher, ils étaient 14 messieurs à m’attendre. J’ai vraiment eu peur ce jour-là. Je me suis demandé si vraiment cela valait le coup. Je me suis posé des questions ».

La gestuelle peut nous aider


La passion l’ayant emporté sur sa peur, Akim Abdelhaoui a donc persévéré. « Ma situation professionnelle s’étant décantée, j’ai pu accorder, ensuite, plus de temps à l’arbitrage » dit-il. Et gravir les échelons sans perte de temps. « Je suis sorti major de ma promotion et j’ai pu grimper de deux échelons pour arriver en DHR ».
Depuis Akim n’est pas descendu de l’ascenseur, a acquis le droit de diriger les matches de CFA2 où il fait l’unanimité. Parmi le corps arbitral, mais également en dehors, ce qui n’est pas chose aisée. « J’ai malgré tout, le sentiment, et je le regrette, que les joueurs ne voient en nous que les gendarmes et non pas des partenaires du jeu, qui sont aussi là pour les protéger. Ils ne sont pas si nombreux à venir nous serrer la main à la fin du match. Mais avec le temps, on a son armure. Et je ne changerai pas ma façon de voir les choses. Le respect est primordial et nous, les arbitres, nous ne sommes pas les stars. Mon leitmotiv avant les matches, c’est humilité, efficacité, plaisir ». Et il enchaîne en véritable avocat. « L’arbitre est méconnu et tout ce qui est étranger fait peur » avoue-t-il. « C’est donc à nous, les arbitres, de faire les choses pour sortir de notre corporatisme ambiant, pour communiquer avec les joueurs, les dirigeants et le public aussi ; Dans notre arbitrage, il existe une gestuelle qui peut aider à mieux faire comprendre nos décisions. Et évidemment nous commettons des erreurs. Sur 300 décisions à prendre dans un match, même parfois à deux mètres de l’action, on peut se tromper quand ça va très vite ».
Akim Abdelhaoui n’a pas que la force du langage. Ses actes sont là, et forcément, eu égard à ses résultats et à l’impression qu’il laisse, il s’autorise au rêve. « Bien sûr que j’ai envie d’aller plus haut. La Ligue 1 ? C’est un rêve. Mais cela devient difficile. Hormis la limite d’âge fixée par la Fédération, il faut, désormais, être un sportif accompli, être au top physiquement et être fort dans sa tête, avec cette grande priorité d’être efficace lors de la prise de décisions dans les zones de vérité, les surfaces de réparation. Si la DNA a apporté des changements positifs » dit-il, Akim reste sceptique sur « l’arbitrage à cinq », il prône plus l’apport de la vidéo en certaines circonstances. « Pour aider les arbitres» conclut-il « mais tout le foot, ce sport que j’aime par-dessus tout ».


Gilles Santalucia, Le Pays


« Une grosse personnalité »Stéphane Moulin, président de la commission de l’arbitrage à la Ligue de Franche-Comté est également le « mentor » d’Akim Abdelhaoui. « Chaque semaine, nous avons des contacts pour faire ensemble le débriefing de ses matches, où il m’explique certaines situations, ses réactions, et où je lui donne quelques conseils et l’épaule. La première fois que je l’ai rencontré, il était juge de touche en promotion de Ligue. J’ai beaucoup apprécié sa grosse personnalité. C’est un garçon très à l’écoute, travailleur, hyper motivé, capable d’une auto analyse et qui devrait grimper encore. Je lui dirais presque de ne pas se mettre trop de pression pour avoir le recul nécessaire. Après, il faut avoir de la chance pour réussir mais elle se provoque et Akim, pour l’instant, vu son investissement, ses qualités physiques son hygiène de vie mets les atouts de son côté. Il a d’ailleurs été major en Division honneur. C’est un arbitre qui est passé du district au CFA2 en quatre saisons seulement, ce qui est exceptionnel. Pour sa première saison à ce niveau, il a terminé dans les 25 premiers sur 50 arbitres. Il n’était pas loin de la promotion finale ».

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