PARIS. _ Ce moment-là, sans doute au plus profond de lui-même y avait-il renoncé. Le temps, ces longues années en exil, avait fait son oeuvre. D’ailleurs pour mieux se faire comprendre il l’avait déclaré : « Je ne remettrai plus les pieds dans un stade en France tant que mon honneur ne me sera pas rendu». Une promesse de plus, tenue pour un personnage pourtant constamment sollicité. D’Honneur on a reparlé lundi soir, et pas n’importe où, sur les tapis rouges du Palais de l’Elysée, puisque sous la protection de la République c’est Nicolas Sarkozy en personne qui a donc remis à Michel Vautrot les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Une distinction décernée par Jacques Chirac mais ajournée pour des questions protocolaires. Le Franc-Comtois et ex-footballeur Alain Joyandet, secrétaire d’état, a remis l’idée en haut de la pile. « Je n’ai pas eu besoin de beaucoup insisté !», nous glissa l’ex sélectionné cadet régional.On l’avait compris en écoutant le Président de la République évoqué le pourquoi de la distinction. « Je me souviens très bien de vous, vous aviez un style incomparable à la course...Votre carrière est un exploit, vous êtes un personnage populaire ». Mais le plus politique venait ensuite « Au moment où il y a tellement de discussions sur le football et l’arbitrage vous symbolisez la rigueur, la loi, la règle, l’esprit sportif. Vous avez combattu les dérives et la corruption...». On a épié Michel Vautrot dans ce moment tant attendu pour lui et pour tous ses amis, une larme a perlé au coin de l’oeil, l’émotion lui a étreint le coeur. La réhabilitation qu’il n’espérait plus venait de carillonner aux oreilles de tout le monde du football. Petit hic il n’y avait strictement personne de la FFF ou de la LFP sous les lustres de l’Elysée. En ces temps agités pour le football français, les mots très forts du Président Sarkozy prendront évidemment une signification hautement symbolique. Le récipiendaire en tout cas les a vécues comme telles et ne cachait rien de sa fierté d’avoir été enfin reconnu dans sa croisade du quotidien. Une affaire personnelle qui était devenue une affaire d’état. Voilà aussi pourquoi on verra dans cette haute récompense une signification majeure. Dans la foule il y avait sa famille, ses proches, ses anciens collègues, des émissaires de l’arbitrage à l’étranger où il excelle encore, ses copains de toujours comme le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret son voisin, la Présidente de la République du Sauget, écharpée SVP, « J’ai même fait rentrer une voiture immatriculée 70 dans la cour, celle de la Berthe qui a du mal à marcher... », riait Michel, en réunissant son clan. Une soirée rare et délicieuse pendant laquelle il s’est souvenu aussi de sa maman, Lulu qui était là la dernière fois et de son grand-père lui aussi a eu sa Légion d’honneur mais pour avoir défendu son pays dans les tranchées. « C’est autre chose...», relativisait-il. Plus tard dans cette nuit du renouveau, Michel redemanda à la cantonade : « Mais qu’ai-je fait pour mériter cela ?». Cette fois il n’évoquait plus sa médaille mais son excommunication d’une famille, celle de l’arbitrage français, qu’il a largement contribuée à faire grandir. « Rendez-vous compte le jour où il y a eu l’assemblée générale de la FFF dans ma ville, à Besançon, on a fait rayer mon nom de la liste des invités...». Il n’y aura donc jamais personne pour répondre à la question de Michel Vautrot !
Source : L'Est Républicain