Alors que la table ronde du 4 février dernier semblait avoir calmé les esprits, un communiqué publié ce jeudi par la Ligue a sérieusement irrité les arbitres, qui seront plus que jamais en grève dès le week-end prochain.
On y a cru. À tort. Malgré la longue discussion entre toutes les
parties, organisée à Besançon au début du mois, la situation n’est pas
apaisée entre les arbitres régionaux et la Ligue de Franche-Comté (voir
nos précédentes éditions). Pire encore : la tension est montée d’un cran
hier. À l’issue de la table ronde, il avait en effet été décidé la
publication d’un communiqué commun, sorte de pacte officiel sinon de
paix, au moins de non-agression. Et c’est justement ce communiqué qui a
mis le feu aux poudres.
Il devait être rédigé pour le mardi
7 février… mais les représentants des arbitres n’ont reçu le « premier
jet » que ce mercredi soir, avant d’être sommés de donner leur avis sur
le texte pour le lendemain midi. Or, leur réunion n’étant prévue que
jeudi soir, ils n’ont pu respecter ces délais… et ont vu la Ligue
publier ledit communiqué avant même la tenue de l’entrevue des hommes en
noir. Il y est dit, entre autres, que « le dialogue doit être renoué »,
que « le mouvement de mise en indisponibilité (des arbitres) doit être
levé dans l’intérêt supérieur du football régional », mais aussi que «
le terme escroquerie », qui a mis le feu aux poudres lors de la dernière
AG, « a pu être mal interprété ». Il n’en fallait pas plus pour ranimer
les braises d’un feu qui va brûler, dès le week-end prochain,
l’ensemble du football régional.
Les arbitres régionaux ne prendront pas le sifflet le week-end prochain… |
Qui va arbitrer le week-end prochain ?
Les
arbitres, dans une cinglante réponse, ont en effet confirmé hier matin
par le biais d’un communiqué (un de plus, voir encadré) qu’ils
maintenaient plus que jamais le mouvement de grève, qui débutera le
22 février et privera la quasi-totalité des matches de niveau régional
d’’arbitre officiel (61 des 65 hommes en noir de niveau ligue ont
annoncé leur mise en retrait). « Ils sont tous remontés comme des
coucous, autant sur le fond que sur la forme », nous confiait hier leur
représentant, Sébastien Moreira. À la Ligue, on ne comprend pas vraiment
pourquoi les « sifflets » s’acharnent dans cette voie, ni cette volonté
d’obtenir coûte que coûte les excuses officielles de Daniel Bourlier,
celui qui a prononcé le fameux mot « escroquerie » lors de l’AG. Mais
dont le silence peut aussi se comprendre : plus d’une trentaine de
plaintes au tribunal pour « injures publiques » ont été déposées contre
lui… C’est dans ce climat de défiance que l’on s’achemine
inéluctablement vers une situation ubuesque : la quasi-totalité des
matches organisés le week-end prochain se joueront sans arbitre. Il
semble en effet délicat de réquisitionner ceux de niveau district (soit
solidaires du mouvement, soit certainement réquisitionnés par leur
district d’appartenance, comme c’est imaginé en Haute-Saône). On
pourrait donc en arriver à un tirage au sort entre un dirigeant de
chaque équipe, qui sera ensuite appelé à diriger les débats, tant bien
que mal. « On espère toutefois ne pas en arriver là », confiait-on hier
après-midi à la Ligue. On voit pourtant mal comment un terrain d’entente
pourrait être trouvé, au moment où la tension entre les deux camps n’a
jamais été aussi forte.
Voici quelques extraits du communiqué publié hier matin, et que vous pouvez retrouver en intégralité sur notre site www.lepays.fr.
«
Il s’avère que les instances dirigeantes ont transmis seulement ce
mercredi, soit 11 jours après cette réunion, un projet de communiqué à
nos trois représentants en leur proposant d’émettre leurs éventuelles
observations au plus tard pour le jeudi à midi. Nos représentants, qui
avaient préalablement informé le Président de la ligue de la tenue d’une
réunion des arbitres destinée à étudier ce projet le jeudi 16 février
en soirée, ont fait part aux instances dirigeantes de leur impossibilité
de répondre dans un délai aussi bref et de leur totale incompréhension
face à cette attitude à la fois inadaptée, inadmissible et allant dans
le sens contraire du dialogue que les autorités affirment revendiquer.
Cependant, ces instances n’en ont absolument pas tenu compte et ont
diffusé ce communiqué. […] Sur le fond de l’affaire, ce communiqué
reprend de manière tout aussi inadmissible et orientée les motifs du
conflit, d’une part en laissant penser aux clubs que la situation de
blocage est provoquée par les arbitres alors que ce sont les instances
de la ligue qui en sont à l’origine […], d’autre part, en n’exprimant
aucune excuse pour ces propos ayant, entre autres, volontairement jeté
le discrédit sur le corps arbitral de ligue […], elles osent même
affirmer que ces propos graves auraient été mal interprétés par ceux qui
en sont victimes ! Par cette attitude aussi inqualifiable sur le fond
que sur la forme, les instances dirigeantes de la ligue et son
Président, après avoir laissé pourrir pendant plusieurs mois une
situation provoquée de manière totalement préméditée par l’un de leurs
dirigeants, ont elles-mêmes rompu le contrat moral. Dans ces conditions,
nous vous informons que les arbitres de ligue ont décidé ce jeudi
16 février, à l’unanimité des membres présents, de maintenir leur mise
en indisponibilité à compter du 22 février, et de maintenir leur demande
d’excuse de la part de l’auteur de ces propos ».
Ils ont tenté de
consentir des efforts. De faire un pas en direction de l’autre, même
s’ils ne pouvaient pas se voir en peinture. D’arrondir les angles lors
d’une table finalement pas très ronde. Beaucoup d’entre eux ont serré
fort le poing dans leur poche. Retenu quelques phrases assassines. Dans
l’intérêt supérieur du football régional. Mais, on l’a compris hier
matin, toutes ces démarches, aussi louables soient-elles, étaient vouées
à l’échec.
Quelques élus de la Ligue de Franche-Comté d’un côté,
et les arbitres régionaux de l’autre ont avancé l’un vers l’autre avec
tellement de rancœur que l’enjeu, bien plus important que leurs petites
querelles, ne pouvait suffire à régler le conflit. Dans les deux camps,
on relève le moindre mot prononcé de travers. On scrute les heures
d’envoi des mails, les virgules mal placées, afin d’en fournir son
arsenal de combat. Des méthodes que l’on constate actuellement, au
quotidien, dans n’importe quel journal télévisé. Présidentielle oblige.
Ce qui nous pousse, aujourd’hui, à demander aux uns et autres un peu de
franchise. Et de reconnaître tout simplement, à quelques mois des
élections, qu’ils sont d’ores et déjà entrés en campagne.
LE PAYS
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