18 février 2012

Le conflit s'enlise...

Alors que la table ronde du 4 février dernier semblait avoir calmé les esprits, un communiqué publié ce jeudi par la Ligue a sérieusement irrité les arbitres, qui seront plus que jamais en grève dès le week-end prochain.

On y a cru. À tort. Malgré la longue discussion entre toutes les parties, organisée à Besançon au début du mois, la situation n’est pas apaisée entre les arbitres régionaux et la Ligue de Franche-Comté (voir nos précédentes éditions). Pire encore : la tension est montée d’un cran hier. À l’issue de la table ronde, il avait en effet été décidé la publication d’un communiqué commun, sorte de pacte officiel sinon de paix, au moins de non-agression. Et c’est justement ce communiqué qui a mis le feu aux poudres.
Il devait être rédigé pour le mardi 7 février… mais les représentants des arbitres n’ont reçu le « premier jet » que ce mercredi soir, avant d’être sommés de donner leur avis sur le texte pour le lendemain midi. Or, leur réunion n’étant prévue que jeudi soir, ils n’ont pu respecter ces délais… et ont vu la Ligue publier ledit communiqué avant même la tenue de l’entrevue des hommes en noir. Il y est dit, entre autres, que « le dialogue doit être renoué », que « le mouvement de mise en indisponibilité (des arbitres) doit être levé dans l’intérêt supérieur du football régional », mais aussi que « le terme escroquerie », qui a mis le feu aux poudres lors de la dernière AG, « a pu être mal interprété ». Il n’en fallait pas plus pour ranimer les braises d’un feu qui va brûler, dès le week-end prochain, l’ensemble du football régional.


Les arbitres régionaux ne prendront pas le sifflet le week-end prochain…

Qui va arbitrer le week-end prochain ?

Les arbitres, dans une cinglante réponse, ont en effet confirmé hier matin par le biais d’un communiqué (un de plus, voir encadré) qu’ils maintenaient plus que jamais le mouvement de grève, qui débutera le 22 février et privera la quasi-totalité des matches de niveau régional d’’arbitre officiel (61 des 65 hommes en noir de niveau ligue ont annoncé leur mise en retrait). « Ils sont tous remontés comme des coucous, autant sur le fond que sur la forme », nous confiait hier leur représentant, Sébastien Moreira. À la Ligue, on ne comprend pas vraiment pourquoi les « sifflets » s’acharnent dans cette voie, ni cette volonté d’obtenir coûte que coûte les excuses officielles de Daniel Bourlier, celui qui a prononcé le fameux mot « escroquerie » lors de l’AG. Mais dont le silence peut aussi se comprendre : plus d’une trentaine de plaintes au tribunal pour « injures publiques » ont été déposées contre lui… C’est dans ce climat de défiance que l’on s’achemine inéluctablement vers une situation ubuesque : la quasi-totalité des matches organisés le week-end prochain se joueront sans arbitre. Il semble en effet délicat de réquisitionner ceux de niveau district (soit solidaires du mouvement, soit certainement réquisitionnés par leur district d’appartenance, comme c’est imaginé en Haute-Saône). On pourrait donc en arriver à un tirage au sort entre un dirigeant de chaque équipe, qui sera ensuite appelé à diriger les débats, tant bien que mal. « On espère toutefois ne pas en arriver là », confiait-on hier après-midi à la Ligue. On voit pourtant mal comment un terrain d’entente pourrait être trouvé, au moment où la tension entre les deux camps n’a jamais été aussi forte.
Voici quelques extraits du communiqué publié hier matin, et que vous pouvez retrouver en intégralité sur notre site www.lepays.fr.
« Il s’avère que les instances dirigeantes ont transmis seulement ce mercredi, soit 11 jours après cette réunion, un projet de communiqué à nos trois représentants en leur proposant d’émettre leurs éventuelles observations au plus tard pour le jeudi à midi. Nos représentants, qui avaient préalablement informé le Président de la ligue de la tenue d’une réunion des arbitres destinée à étudier ce projet le jeudi 16 février en soirée, ont fait part aux instances dirigeantes de leur impossibilité de répondre dans un délai aussi bref et de leur totale incompréhension face à cette attitude à la fois inadaptée, inadmissible et allant dans le sens contraire du dialogue que les autorités affirment revendiquer. Cependant, ces instances n’en ont absolument pas tenu compte et ont diffusé ce communiqué. […] Sur le fond de l’affaire, ce communiqué reprend de manière tout aussi inadmissible et orientée les motifs du conflit, d’une part en laissant penser aux clubs que la situation de blocage est provoquée par les arbitres alors que ce sont les instances de la ligue qui en sont à l’origine […], d’autre part, en n’exprimant aucune excuse pour ces propos ayant, entre autres, volontairement jeté le discrédit sur le corps arbitral de ligue […], elles osent même affirmer que ces propos graves auraient été mal interprétés par ceux qui en sont victimes ! Par cette attitude aussi inqualifiable sur le fond que sur la forme, les instances dirigeantes de la ligue et son Président, après avoir laissé pourrir pendant plusieurs mois une situation provoquée de manière totalement préméditée par l’un de leurs dirigeants, ont elles-mêmes rompu le contrat moral. Dans ces conditions, nous vous informons que les arbitres de ligue ont décidé ce jeudi 16 février, à l’unanimité des membres présents, de maintenir leur mise en indisponibilité à compter du 22 février, et de maintenir leur demande d’excuse de la part de l’auteur de ces propos ».
Ils ont tenté de consentir des efforts. De faire un pas en direction de l’autre, même s’ils ne pouvaient pas se voir en peinture. D’arrondir les angles lors d’une table finalement pas très ronde. Beaucoup d’entre eux ont serré fort le poing dans leur poche. Retenu quelques phrases assassines. Dans l’intérêt supérieur du football régional. Mais, on l’a compris hier matin, toutes ces démarches, aussi louables soient-elles, étaient vouées à l’échec.
Quelques élus de la Ligue de Franche-Comté d’un côté, et les arbitres régionaux de l’autre ont avancé l’un vers l’autre avec tellement de rancœur que l’enjeu, bien plus important que leurs petites querelles, ne pouvait suffire à régler le conflit. Dans les deux camps, on relève le moindre mot prononcé de travers. On scrute les heures d’envoi des mails, les virgules mal placées, afin d’en fournir son arsenal de combat. Des méthodes que l’on constate actuellement, au quotidien, dans n’importe quel journal télévisé. Présidentielle oblige. Ce qui nous pousse, aujourd’hui, à demander aux uns et autres un peu de franchise. Et de reconnaître tout simplement, à quelques mois des élections, qu’ils sont d’ores et déjà entrés en campagne.

LE PAYS

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