Apparue en Ligue 1 il y a sept ans, l'oreillette, ultra-miniaturisée depuis, fait l'unanimité au sein du corps arbitral. Equipé de ce système, nous avons plongé au cœur d'un match de Ligue 2 à Troyes. Mode d'emploi. Et ambiance.
Troyes (De notre envoyé spécial). Stade de l'Aube. La dernière heure avant le coup d'envoi s'égraine paisiblement. Cravate parfaitement nouée, crâne luisant fraîchement rasé, le Comtois Sébastien Moreira, l'arbitre Fédérale 1 depuis deux saisons foule la pelouse. Et fait le tour du rectangle vert en échangeant avec ses trois assesseurs. Retour aux vestiaires. Sur la table, clignote comme un sapin de Noël relié à une multiprises, l'attirail électronique composant le système de conférence audio sans fil des arbitres. Même le panneau de remplacements se gave de volts. Nicolas Aimar, arbitre remplaçant vérifie l'ensemble : « Cela évite les mauvaises surprises. » Reste maintenant aux quatre arbitres à s'équiper. Avec une attention particulière pour le central, devenu « une sorte de Robocop ». Car outre l'émetteur numérique à la transmission cryptée, placé dans une poche dorsale d'une seconde peau, le fil remontant entre les omoplates jusqu'au micro et à l'oreillette en résine moulée à l'empreinte du conduit auditif, Moreira enfile également depuis le début de saison un bracelet polar GPS relié à un cardio-mètre ceinturé sur la poitrine : « Une fois de retour à l'hôtel, je transmets les données enregistrées par ordi à la DNA. Nos déplacements et nos fréquences cardiaques sont ensuite débriefés par Bertrand (Layec). En moyenne je tourne à 166 pulsations avec des pointes à 187. A 189, t'es dans le rouge, tu perds de ton acuité ! » L'heure du coup d'envoi a sonné. Ultime essai réussi avec Huseyin, son assesseur attitré, et c'est parti. Assis en tribune centrale, nous plongeons au cœur du trio. Notre oreillette, la cinquième du kit, crépite enfin : « Allez on y va, on va être en retard... »
Dans le brouhaha de l'entrée des joueurs ovationnés, Moreira poursuit ses consignes. Le son est clair, les nuisances sonores extérieures étant filtrées. « Michel et Huseyin, bon match... »
Une proximité sans égal
Le temps pour nous de se remettre du coup de sifflet strident que déjà les phrases pleuvent : « Messieurs, je ne vois pas l'action, donc je ne siffle pas, jouez... » Dégagement au pied du gardien troyen. Intervention sur la fréquence de l'assesseur : « Sébastien, méfiance pour la prochaine fois, le ballon n'était pas arrêté. » « Ok... Il s'appelle comment le gardien ? » « Blondel », répond Huseyin... « Que ferai-je sans toi ». Nouvelle sortie en six mètres, Moreira donne de la voix plutôt que du bâton : « M. Blondel arrêtez le ballon ! » On se croirait sur la pelouse. le souffle rythmé de Moreira accentue la proximité. Un voyeurisme bien placé. Rien ne nous échappe, comme ce clin d'œil à ses assesseurs après une phase d'approximations dans le jeu : « Bienvenue en L2 les gars... » Ou ce conseil d'Huseyin : « Ça fait deux fois que Sissoko se laisse tomber, à toi de voir. » Ou encore sur un corner : « Méfiance, j'ai le soleil dans le nez, je ne vois rien... » Finalement, il faudra attendre l'ultime quart d'heure pour l'emballage. Mieux qu'en 3D. Comme sur cette altercation avec le Troyen Obbadi. « Je crois que si vous continuez, je vais vous parler administrativement... » Connaissant bien le caractère de Moreira, son assesseur tente de le calmer : « Laisse-le, il te cherche, il n'en vaut pas la peine... » L'action suivante le milieu de terrain local remet ça. Avertissement.
« Je me sens tout nu »
Menés 2-0, après un ciseau retourné de toute beauté accompagné par Moreira « ooooh, s'il y va c'est superbe ! », les Ajacciens s'énervent. L'arbitre prévient alors sa troupe : « Michel, Huseyin et Nicolas, avec l'expérience que l'on a maintenant, on le blinde ce match, on le blinde. Ok ? »
Quelques minutes plus tard et un 3-0 obtenu dans le temps additionnel, Moreira renvoyait les acteurs aux vestiaires. L'oreillette retirée, il nous confiait : « Certains collègues parlent moins que moi, préfèrent le silence radio. Moi, j'ai besoin de m'exprimer, de me rassurer, d'avoir des informations, vite, pour décider dans le fil de l'action. Sans l'oreillette, comme dernièrement en amical après une panne, croyez-moi, je me suis senti nu ! »
Source : Est Républicain : Damien ROSET
Troyes (De notre envoyé spécial). Stade de l'Aube. La dernière heure avant le coup d'envoi s'égraine paisiblement. Cravate parfaitement nouée, crâne luisant fraîchement rasé, le Comtois Sébastien Moreira, l'arbitre Fédérale 1 depuis deux saisons foule la pelouse. Et fait le tour du rectangle vert en échangeant avec ses trois assesseurs. Retour aux vestiaires. Sur la table, clignote comme un sapin de Noël relié à une multiprises, l'attirail électronique composant le système de conférence audio sans fil des arbitres. Même le panneau de remplacements se gave de volts. Nicolas Aimar, arbitre remplaçant vérifie l'ensemble : « Cela évite les mauvaises surprises. » Reste maintenant aux quatre arbitres à s'équiper. Avec une attention particulière pour le central, devenu « une sorte de Robocop ». Car outre l'émetteur numérique à la transmission cryptée, placé dans une poche dorsale d'une seconde peau, le fil remontant entre les omoplates jusqu'au micro et à l'oreillette en résine moulée à l'empreinte du conduit auditif, Moreira enfile également depuis le début de saison un bracelet polar GPS relié à un cardio-mètre ceinturé sur la poitrine : « Une fois de retour à l'hôtel, je transmets les données enregistrées par ordi à la DNA. Nos déplacements et nos fréquences cardiaques sont ensuite débriefés par Bertrand (Layec). En moyenne je tourne à 166 pulsations avec des pointes à 187. A 189, t'es dans le rouge, tu perds de ton acuité ! » L'heure du coup d'envoi a sonné. Ultime essai réussi avec Huseyin, son assesseur attitré, et c'est parti. Assis en tribune centrale, nous plongeons au cœur du trio. Notre oreillette, la cinquième du kit, crépite enfin : « Allez on y va, on va être en retard... »
Dans le brouhaha de l'entrée des joueurs ovationnés, Moreira poursuit ses consignes. Le son est clair, les nuisances sonores extérieures étant filtrées. « Michel et Huseyin, bon match... »
Une proximité sans égal
Le temps pour nous de se remettre du coup de sifflet strident que déjà les phrases pleuvent : « Messieurs, je ne vois pas l'action, donc je ne siffle pas, jouez... » Dégagement au pied du gardien troyen. Intervention sur la fréquence de l'assesseur : « Sébastien, méfiance pour la prochaine fois, le ballon n'était pas arrêté. » « Ok... Il s'appelle comment le gardien ? » « Blondel », répond Huseyin... « Que ferai-je sans toi ». Nouvelle sortie en six mètres, Moreira donne de la voix plutôt que du bâton : « M. Blondel arrêtez le ballon ! » On se croirait sur la pelouse. le souffle rythmé de Moreira accentue la proximité. Un voyeurisme bien placé. Rien ne nous échappe, comme ce clin d'œil à ses assesseurs après une phase d'approximations dans le jeu : « Bienvenue en L2 les gars... » Ou ce conseil d'Huseyin : « Ça fait deux fois que Sissoko se laisse tomber, à toi de voir. » Ou encore sur un corner : « Méfiance, j'ai le soleil dans le nez, je ne vois rien... » Finalement, il faudra attendre l'ultime quart d'heure pour l'emballage. Mieux qu'en 3D. Comme sur cette altercation avec le Troyen Obbadi. « Je crois que si vous continuez, je vais vous parler administrativement... » Connaissant bien le caractère de Moreira, son assesseur tente de le calmer : « Laisse-le, il te cherche, il n'en vaut pas la peine... » L'action suivante le milieu de terrain local remet ça. Avertissement.
« Je me sens tout nu »
Menés 2-0, après un ciseau retourné de toute beauté accompagné par Moreira « ooooh, s'il y va c'est superbe ! », les Ajacciens s'énervent. L'arbitre prévient alors sa troupe : « Michel, Huseyin et Nicolas, avec l'expérience que l'on a maintenant, on le blinde ce match, on le blinde. Ok ? »
Quelques minutes plus tard et un 3-0 obtenu dans le temps additionnel, Moreira renvoyait les acteurs aux vestiaires. L'oreillette retirée, il nous confiait : « Certains collègues parlent moins que moi, préfèrent le silence radio. Moi, j'ai besoin de m'exprimer, de me rassurer, d'avoir des informations, vite, pour décider dans le fil de l'action. Sans l'oreillette, comme dernièrement en amical après une panne, croyez-moi, je me suis senti nu ! »
Source : Est Républicain : Damien ROSET
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